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Histoire de l’ASEE

De l’Eglise Evangélique en Nouvelle-Calédonie et aux Iles Loyauté (EENCIL) à l’Alliance Scolaire de l’Eglise Evangélique (ASEE)

 

Origines de l’EENCIL et liens avec la formation des hommes

L’EENCIL est le produit de l’arrivée en Océanie de la chrétienté occidentale qui débute en  1797 en Polynésie avec la London Missionary Society (LMS). En Nouvelle-Calédonie, les premiers contacts avec les kanak par la LMS, s’établissent en 1840, respectivement à l’Ile des Pins, à Yaté et à Maré en 1841. Cette société missionnaire d’obédience protestante avait en Polynésie des « Natives Agencies » qui formaient des indigènes polynésiens, dans le but clair de propager la foi par l’évangélisation, en attendant quand cela sera possible l’arrivée d’un missionnaire blanc. Les relations entre océaniens entre eux , avant l’irruption européenne dans le Pacifique, étaient connues. Il fallait donc former des océaniens pour évangéliser d’autres océaniens ; ici des polynésiens pour évangéliser des mélanésiens. Au début de l’évangélisation de l’Océanie, cela a été une des grandes différences d’implantation entre l’Eglise catholique et l’Eglise protestante.

Cette première présence protestante a été anglaise, entre 1840 et 1899, surtout dans les Iles loyauté et la côte Est de la Grande Terre. Après la prise de possession politique par la France en 1853 et les années 1860, les relations sont tendues entre les puissances coloniales française et anglaise. Paris, envoie le pasteur Delord pour officialiser le remplacement de la LMS, par la Société des Missions Evangéliques de Paris.

Des deux missions,  les objectifs généraux ont été globalement les mêmes,  à savoir :

–          Evangélisation et éveil de l’Eglise

–          Education de la jeunesse

–          Amélioration de la vie matérielle en tribus (soins, habitat, lutte contre l’alcoolisme et des maladies, creusement de routes,  de puits, regroupements tribaux…)

–          Enseignement et développement socio-économique

La création de Do-Néva  le 13 avril 1903 par le pasteur Maurice Leenhart entre dans ce cadre. C’est d’abord une Ecole pastorale mais c’est de plus en plus un centre de « formation » des kanak. Avant cela deux centres vestiges de la LMS constituaient un embryon d’école vers 1845, où en enseignait la lecture et l’écriture à ceux qui voulaient recevoir l’évangile, en langue anglaise : la mission de Lifou à Wé avec  le teacher rarotongien Fao et celle de Maré des deux samoans Tataio et Taniela. A la mort de Fao en 1863, le « Lifou Seminary Institute » à Xepenehe est en création avec les missionnaires Mac Farlane et William Baker. Cette école pastorale est devenue, Centre de formation pastorale et théologique Béthanie et , se trouve intégrer dans l’Association des Ecoles de Théologie du Pacifique Sud (SPATS en anglais) actuellement. En 1918, le pasteur Xenie Ngönemekë ancien élève de Béthanie, fonde l’établissement actuel de Havila, dans une même logique de formation des hommes pour accéder aux responsabilités dans les paroisses.

Le 24 avril 1960, c’est une révolution politique qui survient dans l’histoire de l’EENCIL. En effet, elle devient « autonome », autrement dit indépendante de la SMEP. L’Eglise protestante après avoir été dirigée à ses débuts depuis Londres et Paris, est aujourd’hui dans les mains de ses pasteurs et laïcs kanak formés dans ses écoles. La mission chrétienne devient une mission pensée ici, dans les réalités et le contexte d’ici, tel que les hommes et les femmes d’ici le comprennent. Depuis les années 1950, dans l’EENCIL, est crée la « Commission Scolaire » qui doit prendre en main le développement des écoles qui sont demandées par les paroisses en liaison avec le Territoire de la Nouvelle-Calédonie.

 

L’ASEE : Fille aînée de l’Eglise, conçue avant la reconnaissance officielle de celle-ci

L’ASEE est une association de type 1901 qui se constitue par l’Assemblée générale du 27 juillet 1958 tenue à Do-Néva. Son intitulé annonce sans équivoque son appartenance à l’Eglise Evangélique et précise dans son article 2 son but :

« L’Alliance a pour but de grouper les écoles de l’Eglise Evangélique et de développer leur action en vue d’assurer le progrès de l’Enseignement et de l’Education chrétienne parmi les enfants qui lui sont confiés. Elle se propose en particulier, le recrutement, la préparation, le perfectionnement, l’entraide et la prise en charge matérielle des membres du corps enseignant ; la vie matérielle et les conditions de travail des élèves dans les écoles et les internats ; le développement de leur personnalité tant par les méthodes d’éducations employées que par les activités péri-scolaires et post-scolaires ; le contact en vue d’une bonne étude, comme avec d’autres organisations scolaires, toutes les fois que cela pourra être utile. »

Dans cet article, l’ASEE se propose au sein de l’Eglise Evangélique, le domaine de l’éducation scolaire. Un domaine que l’Eglise, dès son origine avec Tataio et Taniela à Maré, Fao à Lifou ou Leehnart à Do-Néva, a établi comme l’essence même de son œuvre missionnaire. L’ASEE doit donc,  pour simplifier s’occuper de l’école en général et l’Eglise se recentrer sur le domaine spirituel de la foi. A l’origine l’ASEE est dirigé par un Comité Directeur (Bureau) et une Commission Scolaire composé de représentants des enseignants et d’un représentant de l’Eglise. Ces deux structures gèrent l’ASEE, respectivement pour l’Administration par le Bureau et pour la Pédagogie par la Commission Scolaire. Une assemblée générale annuelle réunit le Bureau, la Commission Scolaire et les représentants des comités locaux. Le comité local est présent à chaque fois où existe une école de l’ASEE. Ce comité présent à la base est chargé de l’organisation de l’école dans le sens de l’article 2 précité. Aujourd’hui, le Bureau est devenu le Conseil d’Administration, institué en 1974, qui donne délégation en matière administrative à un Directeur (1974) et une équipe de « fonctionnaires ». L’Assemblée Générale est aussi devenue une institution, où les membres du personnel se retrouvent avec les membres des comités locaux dans différents lieux de la Grande-Terre et des Iles. Cette année l’Assemblée Générale de l’ASEE se déroulera à Luecila Lifou au mois d’août.

En 1959, l’ASEE scolarise 827 élèves avec 678 dans le primaire, 25 en cours complémentaire pour préparer le BEPC à son unique collège de Do-Néva, 14 filles et 33 garçons en école pratique entre Havila et Do-Néva.

En 1977, l’ASEE emploie 112 personnels et scolarise 1704 élèves dont 1315 pour le primaire et 389 pour le secondaire. L’ASEE dispose alors de deux collèges : celui de Do-Néva depuis 1953 et celui de Havila en 1974.

En  1981, l’ASEE compte 72 écoles primaires,  4 collèges (Do-Néva, Havila, Taremen-1980, Hnaizianu-1981) et un lycée : Do-Kamo (1979). L’ASEE emploie alors 179 personnels.

De 1981 à aujourd’hui 4 autres collèges voient le jour ainsi qu’un autre lycée :

– 1983 : collège Agricole de Do-Néva

– 1986 : collège de Baganda à Gomen

– 1987 : collège d’Eben-Eza à Ouvéa

– 1987 : le collège Agricole devient Lycée Agricole à Do-Néva

-1994 : collège Baouva à Poum

-années 2000 GOD de Do-Mwa à Canala qui deviendra collège en 2014

Actuellement, l’ASEE possède sous sa responsabilité administrative : (chiffres de 2010)

–          21 écoles

–          8 collèges

–          2 lycées

–          2825 élèves

–          285 enseignants

–          165 personnels d’internat et d’administration

Les chiffres du nombre d’élèves sont tombés au dessous de 3000, qui était celui des bonnes années de l’ASEE. Mais pour conclure, et pour nous donner un peu de baume au cœur, nous connaissons à Do-Kamo une stabilisation de nos effectifs. A la rentrée 2013, les effectifs étaient de 331 élèves pour le lycée général et technologique et de 219 élèves pour le lycée professionnel, soit un effectif global de 550 élèves.

« Connaître pour se connaître, s’enraciner pour mieux évoluer », telle est la  fin de cet article que je laisse à l’appréciation du lecteur de Do-Kamo ou d’ailleurs.

 

Henri Lalie

 

Pour illustrer cet article, voici une galerie de photos issues de la collection de pasteur Reber prises à Do Neva en 1965.

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  1. […] ont rappelé l’histoire de l’Eglise et de l’Alliance (voir ici), et la nécessité de former des cadres kanak qui s’est imposée dans le cadre d’une […]

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