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Terminale littéraire, séquence sur Madame Bovary de Flaubert

« Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui creuse et qui fouille le vrai tant qu’il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit »

Gustave Flaubert. 1852.

 

Portrait de Gustave Flaubert. Copie de Caroline Franklin-Groult, nièce de l'auteur.

Portrait de Gustave Flaubert. Copie de Caroline Franklin-Groult, nièce de l’auteur.

 

Bienvenue à toutes et à tous. Au programme de littérature pour les années 2015 et 2016, Madame Bovary de Gustave Flaubert est souvent cité pour être un exemple de roman réaliste. Nous verrons que cette affirmation, si elle n’est pas tout à fait erronée, est en grande partie inexacte. Nous vous proposons donc dans une première partie de découvrir ce qui étaie cette thèse du réalisme flaubertien pour ensuite voir de quelle manière l’auteur marque sa distance, preuves à l’appui, vis-à-vis de son présupposé réalisme.

 

La genèse de l’œuvre

En 1849 Gustave Flaubert soumet une première version de la Tentation de Saint Antoine à ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du Camp. Ce long poème en prose,  où se succèdent les apparitions et les visions, ne convainc pas les deux compères qui ont du mal à apprécier le lyrisme débridé de leur camarade. Aussi lui conseillent-ils d’abandonner la voie de la poésie ésotérique pour s’atteler à un sujet plus « terre à terre ».  L’attention de l’écrivain se serait alors portée  sur un fait divers qui s’est déroulé à Ry, petite commune de Normandie.  Il s’agit de l’histoire d’un ancien élève du père de Flaubert, Eugène Delamare, officier de santé de son état, mort de chagrin après le suicide de son épouse infidèle, Delphine. Un suicide par empoisonnement ! Cependant, si ce fait divers a pu inspirer le romancier, il faut également noter que certaines de ses œuvres antérieures reposent sur des motifs qu’on retrouvera dans Madame Bovary. Ainsi dans Passion et Vertu, paru en 1837, il est question d’une héroïne succombant aux charmes de l’adultère et qui, délaissée par son amant, s’empoisonnera. Le fait est que dès son retour d’Egypte en 1851, Flaubert se met au travail. Un travail acharné de plus de quatre années. Les brouillons remplissent mille sept cents quatre-vingt huit feuilles recto-verso pour un manuscrit final de quatre cent quatre-vingt-sept pages. Flaubert travaille en moyenne douze heures par jour, ses ressources documentaires sont phénoménales. Madame Bovary paraît dans la Revue de Paris en 1856, et en librairie à partir de 1857.

 

Première édition de Madame Bovary. 1857.

Première édition de Madame Bovary. 1857.

 

Gustave Flaubert, écrivain réaliste…. ou pas ?

Flaubert a souvent été présenté pour avoir été le plus éminent représentant du Réalisme en littérature. Or, s’il n’y a aucun doute sur le fait que de nombreux aspects de son travail rejoignent des points essentiels de la théorie réaliste, d’autres l’éloignent résolument du Réalisme. Afin de faire clairement le point sur la question, nous vous proposons, dans un premier temps, de revenir rapidement sur les principes et les thèmes du Réalisme que l’on peut discerner dans l’œuvre flaubertienne, puis   de voir dans qu’elle mesure celle-ci se distingue du mouvement.

 

I)                   Les principes du mouvement

 

a)      Représenter tous les aspects de la société

L’écrivain réaliste cherche à reproduire dans son œuvre toutes les facettes de la société dans laquelle il évolue. Il explore la diversité des milieux sociaux qui la composent et décrit les relations entre les individus. Ainsi dans Madame Bovary, le lecteur à sous les yeux la société française du milieu du XIXème siècle dans toute sa diversité. Dans le monde provincial normand qui sert de toile de fond à l’intrigue se côtoient paysans aisés, petits bourgeois, paysans pauvres, miséreux, hobereaux, boutiquiers, etc. La trame de l’intrigue et celle du tissu social, imbriquées, donnent l’illusion de la réalité.

 

Albert Fourié. Un repas de noces à Yport.1886

Albert Fourié. Un repas de noces à Yport.1886

 

b)     S’appuyer sur une démarche scientifique

L’écrivain réaliste utilise la recherche documentaire. Il enquête sur les lieux de l’action de son roman, réalise des plans, étudie les ouvrages techniques de toutes sortes. Ce travail en amont de l’œuvre prend des proportions incroyables chez Flaubert. Ainsi pour son roman inachevé Bouvard et Pécuchet il lut plus de cent quatre-vingt-quatorze volumes en moins d’un an. En 1877, il lut plus de cent ouvrages de médecine pour écrire seize pages, trois livres de botanique pour rédiger six lignes. Au total Bouvard et Pécuchet aura nécessité une documentation de plus de mille cinq cents ouvrages.

 

c)      Donner au lecteur l’illusion de la réalité

L’écrivain réaliste conçoit le roman comme le reflet le plus précis possible du monde réel. Ces effets de réel s’organisent autour de descriptions minutieuses d’objets banals, l’usage du langage technique ou populaire, la mise en valeur d’un détail qui donne une impression de vérité. C’est ce qui est d’ailleurs reproché à Flaubert dans le cinquième numéro du journal Réalisme du 15 mars 1857. Le paradoxe ne manque pas de saveur ! « Madame Bovary, roman par Gustave Flaubert, représente l’obstination de la description. Ce roman est un de ceux qui rappellent le dessin linéaire, tant il est fait au compas, avec minutie ; calculé, travaillé, tout à angles droits, et en définitive sec et aride. On a mis plusieurs années à le faire, dit-on. En effet les détails y sont comptés un à un, avec la même valeur ; chaque rue, chaque maison, chaque chambre, chaque ruisseau, chaque brin d’herbe est décrit en entier ; chaque personnage, en arrivant en scène, parle préalablement sur une foule de sujets inutiles et peu intéressants, servant seulement à faire connaître son degré d’intelligence. » Paroles de réaliste…

 

Joseph-Désiré Court, Portrait de jeune femme. 1844.

Joseph-Désiré Court, Portrait de jeune femme. 1844.

 

II)                Les thèmes du mouvement

 

a)      L’ambition qui conduit à la réussite ou qui mène à la chute

Le roman réaliste raconte l’itinéraire d’individus en lutte contre une société dans laquelle ils projettent de réussir afin d’atteindre une plénitude sociale ou sentimentale. Cette quête peut aboutir au triomphe du héros, comme c’est le cas dans la nouvelle d’Emile Zola Nantas (1878), ou encore dans le roman de Guy de Maupassant Bel Ami (1885). Mais cette course au bonheur peut également s’avérer terriblement frustrante, l’objectif rêvé étant impossible à atteindre. En devenant madame Bovary, la jeune Emma Rouault aspirait à une vie semblable à celle des héroïnes de roman qui ont bercé son adolescence. Mais la vie, têtue, la désillusionnera : mariée à un homme qu’elle n’aime pas, mère sans affection, femme adultère rejetée par ses amants, seule, endettée jusqu’au cou, le suicide clôt ses aventures. Comme une impasse.

 

b)     Le monde du travail

Le réalisme met en scène la diversité des milieux de la société de son époque. Ouvriers, bourgeois, paysans, commerçants, les personnages réalistes incarnent des réalités sociales les plus diverses. Comme Célestine, la domestique du Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau (paru en feuilleton dans le journal L’Echos de Paris dès 1891) qui relate la vie de ces « gens de maison », esclaves modernes au service d’une bourgeoisie sans scrupules. Ou encore Germinie Lacerteux, héroïne éponyme du roman de Jules et Edmond Goncourt (1864), une autre domestique bousculée par la vie qu’elle quittera seule, endettée, rejetée, alcoolique… Ainsi dans Madame Bovary le lecteur retrouve-t-il tous les types sociaux constitutifs de la Normandie provinciale de l’époque. Le père Rouault, Léon, Homais, Charles Bovary, Félicité, Lheureux , Binet, Hippolyte et les autres sont représentatifs d’une société avec ses codes, ses habitudes, ses mentalités.

 

c)      La puissance des instincts

Le roman réaliste refuse d’idéaliser la passion amoureuse et lui oppose la force brutale du désir amoureux. Bercée par ses lectures de jeunesse, étourdie de passions romantiques, Emma Bovary échafaude une relation secrète avec Rodolphe Boulanger sur le modèle de celle dont elle rêve. Lui, au contraire, tout à ses pulsions, ne voit en la femme du médecin qu’une aventure à tenter, un moyen de se divertir plaisamment : «M. Rodolphe Boulanger avait trente-quatre ans ; il était de tempérament brutal et d’intelligence perspicace, ayant d’ailleurs beaucoup fréquenté les femmes et s’y connaissait bien.  Celle-là (madame Bovary) lui avait parue jolie : il y rêvait donc, et à son mari. _ Je le crois bête. Elle en est fatiguée sans doute. Il porte des ongles sales et une barbe de trois jours. Tandis qu’il trottine à ses malades, elle reste à ravauder des chaussettes. Et on s’ennuie ! On voudrait habiter la ville, danser la polka tous les soirs ! Pauvre petite femme ! Ça bâille après l’amour, comme une carpe après l’eau sur une table de cuisine. Avec trois mots de galanterie, cela vous adorerait, j’en suis sûr ! Ce serait tendre ! Charmant !… Oui, mais comment s’en débarrasser ensuite ? ». Percée à jour par le hobereau dilettante, Emma ne se doute pas qu’elle en deviendra le jouet.

 

Affiche du film de Claude Chabrol adapté de l'oeuvre de Flaubert.

Affiche du film de Claude Chabrol adapté de l’oeuvre de Flaubert.

 

d)     La maladie et la mort

L’écrivain réaliste confronte ses personnages aux épreuves de la maladie et de la vieillesse. Il n’hésite pas à décrire, dans le détail, le moment où la mort apparaît, dans toute sa crudité. Ainsi l’agonie d’Emma (huit pages) est-elle un modèle du genre, le lecteur suivant étape par étape la progression du poison se propageant dans le corps de l’héroïne : « Sa poitrine se mît aussitôt à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. »

 

Albert Fourié. La mort de Madame Bovary. Huile sur toile. 1883.

Albert Fourié. La mort de Madame Bovary. Huile sur toile. 1883.

 

 

 

 

 

 

Après avoir évoqué les caractéristiques de l’écriture réaliste, force est de constater que Flaubert, dans sa manière de préparer son œuvre, dans sa façon de la structurer, d’organiser les parcours de ses personnages, a d’évidents points communs avec les tenants du Réalisme à son époque. Cependant on ne peut limiter son œuvre, et Madame Bovary en particulier, aux simples « recettes » d’un Réalisme dont Flaubert lui-même ne s’est jamais revendiqué !

 

I)                   Quand Flaubert prend ses distances avec le Réalisme

Pour s’en convaincre il suffit de lire des extraits de lettres dans lesquels il juge l’école réaliste. Ces documents, éloquents, sont extraits d’une étude très approfondie consultable sur le site de l’université de Rouen flaubert.univ-rouen.fr

Extraits de la Correspondance
• « On me croit épris du réel, tandis que je l’exècre ; car c’est en haine du réalisme que j’ai entrepris ce roman. »
[À Edma Roger des Genettes, octobre 1856].• « Et notez que j’exècre ce qu’on est convenu d’appeler le réalisme, bien qu’on m’en fasse un des pontifes. »
[À George Sand, 6 février 1876].• « Ne me parlez pas du réalisme, du naturalisme ou de l’expérimental ! J’en suis gorgé. Quelles vides inepties ! »
[À Guy de Maupassant, 21 octobre 1879].• « Et le manifeste politique de Zola menaçant la République de sombrer, si elle n’arbore l’étendard du réalisme ! Naturalisme, pardon ! drôle ! drôle ! »
[À Edmond de Goncourt, 24 avril 1879].• « Et puis, que signifie « le triomphe certain de notre combat » dans la dédicace ? Quel combat ? Le Réalisme ! Laissez donc ces puérilités-là de côté. Pourquoi gâter des oeuvres par des préfaces et se calomnier soi-même par son enseigne ! »
[À Paul Alexis, 1er février 1880 à propos de Monsieur Mure]• « Cette manie de croire qu’on vient de découvrir la nature et qu’on est plus vrai que les devanciers m’exaspère. La Tempête de Racine est tout aussi vraie que celle de Michelet. Il n’y a pas de Vrai ! Il n’y a que des manières de voir. Est-ce que la photographie est ressemblante ? pas plus que la peinture à l’huile, ou tout autant.
À bas les écoles quelles qu’elles soient ! À bas les mots vides de sens ! À bas les Académies, les Poétiques, les Principes ! Et je m’étonne qu’un homme de votre valeur donne encore dans des niaiseries pareilles ! […]
Dieu sait jusqu’à quel point je pousse le scrupule en fait de documents, livres, informations, voyages, etc… Eh bien, je regarde tout cela comme très secondaire et inférieur. La vérité matérielle (ou ce qu’on appelle ainsi) ne doit être qu’un tremplin pour s’élever plus haut.»
[À M. Léon Hennique, 2-3 février 1880].Si l’intrigue de  Madame Bovary s’ancre indiscutablement dans un réel temporel, spatial et social, si l’exactitude documentaire était devenue pour lui une véritable hantise, Flaubert n’était pourtant pas un homme d’école qui se laissait dicter son œuvre par la doctrine du « Vrai ». Mais qu’entendait-il lorsqu’il écrivait que : « La vérité matérielle (ou ce qu’on appelle ainsi) ne doit être qu’un tremplin pour s’élever plus haut.» 

Manuscrit de Madame Bovary

Manuscrit de Madame Bovary

 

 

II)                Aller plus haut, une question de style

Voici un portrait de Flaubert brossé par Guy de Maupassant, témoin privilégié d’une séance de travail : « Une vaste robe de chambre en drap brun l’enveloppait tout entier ; et sa figure rouge, que coupait une forte moustache blanche aux bouts tombants, se gonflait sous un furieux afflux de sang. Son regard ombragé de grands cils sombres courait sur les lignes, fouillant les mots, chavirant les phrases, consultant la physionomie des lettres assemblées, épiant l’effet comme un chasseur à l’affût. […] Quelquefois, jetant dans un grand plat d’étain oriental rempli de plumes d’oie soigneusement taillées la plume qu’il tenait, il prenait une feuille de papier, l’élevait à la hauteur du regard, et, s’appuyant sur un coude, déclamait d’une voix mordante et haute. Il écoutait le rythme de sa prose, s’arrêtait comme pour saisir une sonorité fuyante, combinait les tons, éloignait les assonances, disposait les virgules avec science comme les haltes d’un long chemin ». Ce témoignage est révélateur de la façon dont Flaubert « pétrit » son œuvre, conçoit son art. Sa quête littéraire repose sur un intense et renouvelé travail de réécriture d’où doit jaillir l’image recherchée, une image rythmée et sonore. C’est ce qu’il appelait « l’épreuve du gueuloir », ainsi qu’il désignait cette épreuve orale qu’il faisait passer à ses textes dans une pièce de son domicile et dont il disait :   « les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements du cœur et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie »Quasi poétique, la prose de Flaubert charme l’oreille, elle s’écoute plus qu’elle ne se lit. Selon l’auteur, « le but de l’art, c’est le beau avant tout », c’est là la mission unique de l’artiste, par delà les considérations morales. Faire vrai ne suffit donc pas : « il faut partir du réalisme pour aller jusqu’à la beauté ». Une beauté qui repose sur le style et qui rend l’œuvre éternelle. Cela ne se fait pas sans efforts.

 

Caricature d'Achille Lernot parue dans La Parolie. Flaubert dissèque Madame Bovary. 1869.

Caricature d’Achille Lernot parue dans La Parolie. Flaubert dissèque Madame Bovary. 1869.

 

III)             Une création dans la douleur

Voici une anecdote rapportée par Maupassant. présentant sa nouvelle Un cœur simple à ses amis, ceux-ci lui firent des remarques sur un passage d’une dizaine de lignes qui leur paraissait faible. Admettant la critique, Flaubert se dit prêt à « revoir sa copie ». « Mais une angoisse le saisit : Vous avez raison, dit-il, seulement… il faudrait changer ma phrase. » Le soir même, cependant, il se mit à la besogne ; il passa la nuit pour modifier dix mots, noircit et ratura vingt feuilles de papier, et, pour finir, ne changea rien, n’ayant pu construire une autre phrase dont l’harmonie lui parût satisfaisant. » Guy de Maupassant, Gustave Flaubert, 1884.

Dans une lettre à Louise Colet, Flaubert indique : « N’en est-il pas de la vie d’artiste, ou plutôt d’une œuvre d’art à accomplir, comme d’une grande montagne à escalader ? D’abord on aperçoit d’en bas une haute cime ; dans les cieux elle est étincelante de pureté, elle est effrayante de hauteur ! et elle vous sollicite cependant à cause de cela même.»

Auteur exigeant s’il en est, Flaubert a voué sa vie à l’écriture, comme si écrire était un acte de foi donnant un sens à son existence.

 

IV)             Flaubert et Madame Bovary

On a souvent fait dire à l’auteur la phrase suivante : « Madame Bovary, c’est moi !», dont l’authenticité est contestée dans le sens où cette métaphore a été rapportée par un tiers et qu’on peut donc en douter. En fait, pour comprendre la manière dont le romancier envisage son personnage, il faut s’appuyer sur les commentaires qu’il en faisait dans diverses lettres, commentaires qui vont très souvent dans le sens d’une grande distanciation entre l’auteur et sa création. Flaubert ne s’identifie pas à ses personnages, il leur est étranger, s’efface pour mieux les laisser vivre. Madame Bovary, ce n’est pas lui !

« Ce qui fait que je vais si lentement, c’est que rien dans ce livre n’est tiré de moi ; jamais ma personnalité ne m’aura été plus inutile. Je pourrai peut-être par la suite faire des choses plus fortes (et je l’espère bien), mais il me paraît difficile que j’en compose de plus habiles. Tout est de tête » (lettre à Louise Colet, 6 avril 1853)

« Avec une lectrice telle que vous, Madame, et aussi sympathique, la franchise est un devoir. Je vais donc répondre à vos questions : Madame Bovary n’a rien de vrai. C’est une histoire totalement inventée ; je n’y ai rien mis ni de mes sentiments ni de mon existence. L’illusion (s’il y en a une) vient au contraire de l’impersonnalité de l’œuvre » (lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 18 mars 1857).

« Bovary, en ce sens, aura été un tour de force inouï et dont moi seul jamais

aurai conscience : sujet, personnage, effet, etc., tout est hors de moi. Cela devra

me faire faire un grand pas par la suite. Je suis, en écrivant ce livre, comme un

homme qui jouerait du piano avec des balles de plomb sur chaque phalange » (lettre à Louise Colet, 26 juillet 1852).

« Bon ou mauvais, ce livre aura été pour moi un tour de force prodigieux, tant

 le style, la composition, les personnages et l’effet sensible sont loin de ma

 manière naturelle. Dans Saint Antoine j’étais chez moi. Ici, je suis chez le

voisin. Aussi je n’y trouve aucune commodité » (lettre à Louise Colet, 13 juin 1852).

 

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