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L’apologue

Qu’il prenne la forme d’une fable, d’une parabole, d’un conte philosophique ou d’une utopie, l’apologue est un récit imagé qu’il s’agit d’interpréter. L’argumentation indirecte qu’il développe unit l’art du récit anecdotique et un enseignement moral.

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I)    Les caractéristiques de l’apologue

1)    Un récit court et plaisant
Afin de susciter le plaisir du lecteur, l’apologue se présente généralement comme un bref récit. Il repose sur une structure simple mettant en jeu un nombre restreint de personnages dont les caractères sont clairement identifiés par le lecteur. Ainsi dans Les Membres et l’estomac de Jean de La Fontaine :
« De travailler pour lui (l’estomac) les Membres se lassant,
Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme
Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster. »
2)    Une argumentation indirecte
Afin de convaincre le lecteur, l’apologue se développe sous la forme d’un récit anecdotique mettant en scène des situations et des personnages symboliques les plus divers (hommes, animaux, végétaux, minéraux…). A travers eux, le lecteur est amené à réfléchir à sa propre condition. Ainsi dans Candide de Voltaire :
« Quand ils approchèrent de la salle du trône, Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s’y prendre pour saluer Sa Majesté : si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on se mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ; en un mot quelle était la cérémonie.
L’usage, dit le grand officier, est d’embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. Candide et Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté qui les reçut avec toute la grâce imaginable, et qui les pria poliment à souper. »
3)    Un enseignement moral ou didactique
L’apologue a pour but d’instruire le lecteur. L’écrivain a pour but de faire une satire sociale, de dénoncer les travers des hommes, de proposer des idées nouvelles. Ainsi Saint-Simon dans son Apologue dénonce-t-il l’inutilité des classes dirigeantes de son époque en les faisant disparaître…
« Cet accident affligerait certainement les Français, parce qu’ils sont bons, parce qu’ils ne sauraient voir avec indifférence la disparition subite d’un aussi grand nombre de leurs compatriotes. Mais cette perte des trente mille individus réputés les plus importants de l’État ne leur causerait de chagrin que sous un rapport purement sentimental, car il n’en résulterait aucun mal politique pour l’Etat. »

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II)    Les formes de l’apologue

1)    La fable
Dès l’Antiquité, de courts récits mettent en scène des animaux pour parler des hommes, comme dans les œuvres d’Esope ou de Phèdre. Au XVIIIème siècle c’est La Fontaine surtout qui, dans ses fables en vers, va mettre en scène une véritable comédie humaine, critiquant avec humour les puissants et leur donnant des leçons. Le plus souvent à la fin du récit, la morale interpelle le lecteur pour l’assigner à la réflexion.
2)    La parabole
Présente dans les Evangiles, la parabole est reprise dans les sermons des orateurs chrétiens et plus tard dans des écrits à visée argumentative. Récit allégorique, la parabole dispense un enseignement qui repose sur un court récit illustrant une thèse défendue et délivre un message au lecteur.
3)    Le conte ou le conte philosophique
Implicite ou explicite, le message du conte s’exprime par le biais des mésaventures d’un héros. Le conte philosophique raconte la formation d’un personnage confronté au monde qui l’entoure. Cette rencontre brutale permet à l’écrivain de dénoncer les maux de la société, comme l’intolérance, le fanatisme ou l’oppression.
4)    L’utopie
Formée d’un mot grec signifiant « sans lieu », l’utopie invente des terres imaginaires où l’écrivain situe des formes nouvelles d’organisations politiques et sociales. Les valeurs du monde réel sont ainsi renversées et laissent la place à un univers où tout est possible. La contre-utopie ou dystopie quant à elle, si elle prend bien la forme d’une fiction peignant un monde imaginaire, se distingue de l’utopie dans le sens où elle évoque un monde monstrueux, où le « système » aliène les libertés fondamentales de l’être humain. Des romans tels que Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de George Orwell, ou le film Brazil de Terry Gilliam évoquent cet avenir sombre sous le joug du totalitarisme.

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