Un coup de chapeau à notre ancien collègue Didier Blanc pour son travail au service du football calédonien, à Havila d’abord, puis à Do Kamo avec en particulier la création de l’Académie Jacques Zimako, dont la réussite participe largement aux succès des jeunes footballeurs. Et un grand bravo à son successeur Léo Lopez qui a repris le flambeau en emmenant cette académie au plus haut niveau mondial.
Voir l’article de FIFA.com ci-dessous et sur leur site ici.
La jeunesse calédonienne en pleine progression : les 5 clés de cette réussite
Pour la toute première fois de son histoire, la Nouvelle-Calédonie va participer à deux Coupes du Monde la même année. Une prouesse remarquable pour un territoire comptant à peine 5000 licenciés.
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La Nouvelle-Calédonie sera présente à la Coupe du Monde U-17 de la FIFA™ au Qatar et à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA™ au Chili
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Les sélectionneurs respectifs de ces deux équipes, Léonardo Lopez et Pierre Wajoka, expliquent les raisons de ce succès
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Académie FCF Jacques Zimako, talent inné, collaboration avec le FC Nantes: un plan clair malgré les contraintes
L’année 2025 s’annonce grandiose pour le football calédonien. Alors que l’équipe sénior s’est qualifiée dernièrement pour le Tournoi de barrage de la FIFA, les « Petits Cagous » vont vivre, pour leur part, un automne palpitant au cours duquel ils tenteront de mettre doublement le « Caillou » à l’honneur.
Fin septembre, au Chili, c’est la sélection U-20 emmenée par Pierre Wajoka, ancien joueur et figure emblématique du football calédonien, qui fera ses premiers pas sur la scène internationale à l’occasion du Mondial de la catégorie.
Ce sera ensuite au tour de leurs compatriotes U-17 de faire face au gratin mondial en novembre, au Qatar. Léonardo Lopez, qui était déjà le sélectionneur de cette équipe lors d’Indonésie 2023, entend bien faire parler son expérience pour faire briller sa terre d’adoption.
À quelques mois du lancement de ces deux compétitions, la FIFA a rencontré les deux sélectionneurs calédoniens pour tenter de comprendre les mécanismes qui se cachent derrière ce succès grandissant.
1. Un travail collectif
Le succès de la formation calédonienne s’appuie avant tout sur un effort coordonné des différents acteurs présents sur le territoire. « Depuis quelques années, la Fédération Calédonienne de Football (FCF) fait un gros travail pour le développement des jeunes. Les clubs, les écoles de foot, l’Académie Jacques Zimako… tout le monde travaille dans le même sens. C’est vraiment un travail collectif de tout un pays », explique Pierre Wajoka.
De son côté, Léonardo Lopez, qui a posé ses bagages sur le « Caillou » en 2022, souligne la cohérence instaurée depuis l’arrivée de Johann Sidaner à la tête de la sélection A. « En plus de son rôle de sélectionneur, Johann chapeaute toutes les sélections jeunes. Il y a un vrai travail d’équipe entre les différents staffs. Ça permet d’avoir une philosophie commune et c’est bien plus simple pour les joueurs de s’y retrouver. »
2. L’Académie Jacques Zimako, le cœur du réacteur
Véritable vivier du football calédonien, l’Académie FCF Jacques Zimako, basée au lycée Do-Kamo de Nouméa, est un pilier fondamental de la réussite actuelle. « Soixante-dix pourcents des joueurs des sélections U-16 et U-17 en sont issus », précise Lopez, qui est devenu manager de l’Académie en 2024. « Ils s’entraînent ensemble tous les jours. Cela crée des automatismes très précieux à l’échelle des sélections. »
Cette centralisation permet une observation quotidienne des jeunes, une chance non-négligeable vis à vis de la concurrence. « C’est un gros point fort qu’on a par rapport aux autres sélections d’Océanie. En tant qu’éducateurs, on peut observer leur évolution au jour le jour. C’est un gain de temps important, surtout quand on sait qu’on a peu de moyens », complète le sélectionneur U-17.
3. Des profils physiques et techniques impressionnants
Les jeunes Calédoniens se distinguent par leur puissance athlétique et leur talent inné. « Ce sont de vrais athlètes, très complets. Ils sont tout le temps en train de jouer au foot ou au volley sur la plage. Ils aiment beaucoup courir aussi. Leurs qualités techniques et physiques sont au-dessus de la moyenne », note Lopez.
Wajoka complète : « Ils sont endurants, puissants, et ils ont des valeurs humaines fortes, comme le respect et la solidarité. C’est culturel. »
Mais les deux entraîneurs reconnaissent une marge de progression importante sur le plan mental. « La vie en communauté peut parfois être un frein à la performance car les jeunes ne veulent pas blesser leurs aînés. C’est difficile à comprendre quand on ne le vit pas », tente d’expliquer Wajoka.
« Nos jeunes n’ont pas la culture de la gagne, ils jouent simplement pour le plaisir », poursuit Lopez. « Ils n’ont pas de malice, ni de vice. On essaye de leur apporter ça au quotidien car leur éducation, qui est extraordinaire, n’est pas forcément en adéquation avec la compétition. »
4. L’ouverture vers l’extérieur comme levier de progression
Pour combler son isolement géographique, la FCF développe des partenariats internationaux, notamment avec le FC Nantes. « Antoine Kombouaré (le coach du FC Nantes) est un Cagou. Ça facilite la collaboration avec le club. En novembre dernier, j’ai passé deux semaines en immersion là-bas », raconte Wajoka.
« Discuter tactique, observer la gestion humaine, voir l’élaboration des séances… Ça n’a rien à voir avec les infos qu’on peut trouver sur Internet. On demande à nos joueurs de travailler mais, nous aussi, on doit toujours avoir envie de progresser ! »
5. Un maître-mot : l’adaptabilité
Face aux contraintes politiques et logistiques qui frappent le territoire, les deux sélectionneurs l’assurent : l’adaptation est devenue la pierre angulaire de leur travail.
« On est dans une adaptation permanente », résume Wajoka. « On a organisé un premier brassage en février, prévu des stages pendant les vacances scolaires, et un déplacement en Australie en août pour deux matches amicaux de haut niveau. Mais tout est sujet à évolution. Il faut rester souples et réactifs. »
Même constat pour Lopez, confronté à l’arrêt des championnats depuis mai 2024 (le championnat local a repris le 17 mai 2025, après plus d’un an d’arrêt) : « Heureusement, on peut suivre quotidiennement les joueurs de l’Académie. Pour les autres, on organise des stages ponctuels. On prépare aussi une triangulaire en septembre à Auckland avec les Fidji et la Nouvelle-Zélande, qui sera notre principal test avant la compétition. En 2023, on avait affronté le Brésil d’Estêvão au Mondial, on doit se tenir prêts à affronter de nouveau ce genre de phénomène… »
La double qualification du pays ne tient donc ni du miracle ni du hasard. Portée par une génération prometteuse et une structuration ambitieuse, la Nouvelle-Calédonie s’affirme désormais comme une terre de football en plein essor et n’a pas l’intention de se présenter sur la scène internationale simplement pour y faire de la figuration.