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Une journée au tribunal

« Mon client n’est pas un monstre, c’est un homme, tout simplement ».

Cette phrase entendue samedi au tribunal n’a pas été prononcée par un avocat, mais pas un élève en robe qui jouait le rôle d’un avocat.

Do Kamo et Grand Nouméa sont les lycées qui ont participé à ces reconstitutions de procès. Une expérience inoubliable pour nos jeunes, et qui aura certainement déclenché des vocations.

Le matin des professionnels ont coaché les lycéens, chacun pour son rôle, avocat, juge, procureur, greffier, etc.

Et l’après-midi des procès réels ont été rejoués (noms modifiés).

En fin de journée tous les participants étaient enthousiastes, les élèves, pour avoir découvert des métiers passionnants, et les professionnels, pour avoir découvert de jeunes talents.

Le commentaire d’un participant :

« En tant qu’élève de terminale j’ai aimé passer cette journée en compagnie des professionnels de la justice, et pouvoir jouer le rôle de procureur.

C’était quand même difficile de s’exprimer devant un public et d’essayer de convaincre le tribunal en utilisant des mots inhabituels pour moi, genre « récidive, homicide, particulière fermeté, compte tenu de la nature des faits, je requiers à l’encontre de madame, etc. »

Ce fut une très belle expérience pour moi car cela m’a permis de découvrir comment fonctionne un procès de l’intérieur. La juge avec laquelle j’ai travaillé m’a proposé de faire un stage au tribunal, ce que je ferai probablement cet été.

 

Les Nouvelles Calédoniennes ont rédigé l’article suivant dans son édition du 17/09/2019 :

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AU TRIBUNAL. Une cinquantaine d’élèves des lycées du Grand Nouméa et de Do Kamo ont participé à la reconstitution de procès qui a eu lieu samedi après-midi, au tribunal. Photos Cyril Terrien

 

FAUBOURG-BLANCHOT. Outre des portes ouvertes, samedi matin, dans le cadre du Mois du patrimoine, le tribunal a été témoin de faux procès inspirés de vraies affaires, reconstitués par des lycéens du Grand Nouméa et de Do Kamo. Une expérience inédite.

Suzanne Bull, élève en terminale littéraire à Do Kamo a revêtu la robe de juge, samedi après-midi, le temps de présider un procès. « Il n’y a pas de mot pour décrire ce que j’ai ressenti. Une fois dans mon rôle, j’ai vraiment eu l’impression d’être juge, raconte-t-elle, encore sous le coup de l’excitation. C’était super, je veux y retourner. » L’exercice a été particulièrement marquant pour la jeune fille. Et pour la cinquantaine d’élèves de terminale et de première L et ES des lycées du Grand Nouméa et de Do Kamo. L’expérience s’inscrit dans un programme initié par Edwige Kouassi. Juge au tribunal, elle s’est d’abord rendue dans les deux établissements, accompagnée d’avocats et de procureurs, afin de présenter les différents métiers de la justice. Puis, au mois de juin, les élèves ont assisté à une audience, pour s’imprégner des rôles de chacun.

Faire tomber les préjugés

Samedi après-midi avait lieu la dernière phase, les reconstitutions. Le matin, les lycéens ont été coachés par des comédiens et par des professionnels, avocats, juges et procureurs, qui les ont ensuite accompagnés l’après-midi pendant le procès. « Cela permet de les préparer à l’oral, développe Jacques Esposito, professeur de droit au lycée du Grand Nouméa, et aussi de susciter des vocations. Il manque de Calédoniens dans le milieu de la justice. » D’autant que le domaine pâtit de préjugés et de méconnaissance. « Il s’agit de faire connaître notre métier, et surtout, de montrer qu’on n’est pas obligé d’être né dans un milieu favorisé pour travailler dans la justice », appuie Edwige Kouassi. Dans le hall du tribunal, elle supervise les élèves jusqu’au dernier moment, donnant des conseils.

Les affaires retenues sont closes, elles ont déjà été jugées. Et, pour l’occasion, elles ont été anonymisées. Les dossiers font écho à l’actualité, violences intrafamiliales et alcool au volant. « Cela leur permet de réfléchir et de discuter de thèmes importants dont on ne parle pas forcément », indique Edwige Kouassi. Et, une fois dans la peau des professionnels, de prendre conscience d’une certaine réalité. « Ils se rendent compte de la difficulté de juger, de tout ce qui constitue un procès, de distinguer le délinquant de son acte. » Résultat, les participants sont tous ravis. Timide, Roseline Vehikite, en terminale L spécialité droit au lycée du Grand Nouméa, a surmonté sa peur pour pouvoir assumer son rôle de procureur. « J’étais très stressée. Il y a eu un moment de blanc avant que je parle, parce qu’il fallait que je reprenne mes esprits », témoigne-t-elle. Cet avant-goût l’a convaincue. « J’aime bien le fait de pouvoir trancher entre le bien et le mal. »

« Je ne pensais pas que c’était si compliqué »

Lors du même procès, Suzanne Bull officiait en tant que juge. « Cela m’a appris à parler en public et à utiliser des termes nouveaux qui ne sont pas dans mon vocabulaire. » La lycéenne voulait toucher du doigt les responsabilités d’un juge. « Je leur dis chapeau, je ne pensais pas que c’était si compliqué, il faut exposer les faits, poser des questions, etc. » Pour Suzanne Bull, tous les jeunes de son âge devraient pouvoir bénéficier d’une telle initiation. « J’encourage tout le monde à venir, des élèves qui ne connaissent pas du tout, c’est très éducatif. » La lycéenne, qui pensait devenir avocate, vient peut-être de changer d’avis. « Pourquoi ne pas devenir juge ? »

https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/noumea/des-lyceens-se-mettent-dans-la-peau-de-juges-et-d-avocats-au-tribunal

 

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