LDK : Dans quelles conditions avez-vous eu l’idée de créer cette œuvre ?

Nicolas. K : Pierre est un ami de longue date et le projet d’écrire ensemble est ancien. Nous avons des parcours différents mais nos deux cultures sont associées. Et Cook est la jonction du monde européen et du monde océanien. Le projet a été proposé au Théâtre de l’île qui nous a proposé d’aller le travailler en France dans une résidence d’écrivains. Cela a commencé en Septembre 2001 à Villeneuve-les-Avignon, et nous sommes repartis en Nouvelle-Calédonie en Décembre 2001. Cela a été une aventure humaine formidable.

 

LDK : Quelle est l’importance de Cook ? De Lono ?

Nicolas. K : Il y a cinq ou six Cook différent dans la pièce, c’est ce qui prouve que Cook est le personnage central de l’œuvre. La mort de Cook n’est pas banale car c’est un assassinat politique. De plus, Pierre Gope voulait écrire sur le pouvoir, par exemple dans les communautés, dans les tribus. C’est pour ces raisons qu’il y a deux temps dans la pièce, celui de Cook, et celui d’aujourd’hui. Nous avons affiné le projet en partant à Tokyo dans l’aéroport.

Lono lui est le dieu de la fertilité, de la renaissance. Il représente la puissance du roi.

 

LDK : Pourquoi dans l’œuvre il y a plusieurs changements de temps, de lieu, et de personnages ?

Nicolas. K : C’est un moyen de parler du pouvoir et de Cook, et de transporter les spectateurs dans l’espace et dans le temps. C’est surtout un moyen de pouvoir évoquer la relation entre les hommes et les femmes.

 

LDK : Peut-on affirmer que Cook a emmené le Chaos en Océanie ? Quelle sens donnez-vous à ce Chaos ?

Nicolas. K : Le Chaos est comme un bois avant la sculpture. Il y a ordonnancement à venir. Ce désordre va donner quelque chose de positif, car  Cook n’a pas apporté la destruction, au contraire.

 

LDK : Dans la pièce les personnages parlent plusieurs langues, et incarnent différentes cultures. Est-ce un des aspects de ce Chaos ?

Nicolas. K : Oui, c’est le Chaos qui s’est manifesté.

 

LDK : Quelle a été l’influence de la mise en scène dans l’œuvre ? Quelles ont été les rapports entre les metteurs en scène et les auteurs ?

Nicolas. K : Rien n’a été réécrit après, et la mise en scène va donner vie au texte. Seul le passage entre Lotha et sa grand-mère a été rajouté.

 

LDK : Pourquoi avoir utilisé des marionnettes ?

Nicolas. K : D’abord il faut préciser que c’est le metteur en scène Yves Borrini qui aime ça. C’est un enrichissement dans la pièce, ça lui donne une autre dimension.

 

LDK : Il n’y a qu’un seul personnage féminin : Lotha. Qu’est ce qu’elle incarne ?

Nicolas. K : Elle est le lien entre les marins et le monde océanien. Elle représente toutes les femmes comme la princesse, la femme du chef. Elle donne une dimension réaliste à la pièce.

 

LDK : Pourquoi le titre : « Les dieux sont borgnes » ?

Nicolas. K : Parce qu’ils sont focalisés sur quelque chose et ne voient pas tout. C’est une réflexion sur le pouvoir politique qui ne voit qu’un aspect de la vie.

 

LDK : Le chef n’est pas très sympathique, pourquoi le présenter de cette manière ?

Nicolas. K : Dans le théâtre de Gope, aucun chef n’est sympa. Il n’écarte pas ses amis et il décide seul. Surtout il est coincé.

 

LDK : Dans la classe, ils y ont a beaucoup qui pensent que le dénouement est plutôt pessimiste (mort de Cook, séparation de Marco et de Lotha du projet de pêcherie).

Nicolas. K : C’est l’histoire, Cook doit mourir. C’est réaliste, peut-être étions-nous pessimiste à l’époque ?

 

LDK : On sait que vous avez confiance en la jeunesse. Êtes–vous plutôt optimiste ?

Nicolas. K : Même si parfois je doute du genre humain, je suis plutôt optimiste. Être pessimiste c’est enlever aux jeunes la possibilité de créer.

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