,

Le XVIIème siècle et le Classicisme

LE 17ème SIÈCLE ET LE CLASSICISME

« Tout Classicisme suppose un romantisme antérieur… L’ordre suppose un certain désordre qu’il vient réduire. »   Paul Valéry

Découvrons ensemble ce que l’on entend par « Classicisme », terme inventé au XIXème siècle pour qualifier cette période de la seconde moitié du XVIIème siècle durant laquelle de nombreux esprits inventifs et novateurs se sont retrouvés dans une esthétique commune qui a influencé durablement la création artistique. En effet, que ce soit en littérature, en peinture, en sculpture, en architecture… ou même en horticulture, le Classicisme a imposé sa doctrine dans tous les domaines de la création ! Voyons cela de plus près.

l
Plan de la séquence
I)    Le Classicisme dans l’histoire.
II)    La doctrine classique.
III)    Les principes de cette doctrine.
aaaaaa)    La clarté de la langue.
aaaaab)    La vraisemblance.
aaaaac)    La bienséance.
aaaaad)    La règle des trois unités.
aaaaae)    Joindre l’utile à l’agréable.
IV)    L’honnête homme comme modèle.
V)    Figures littéraires représentatives du Classicisme.
VI)    Le Classicisme en peinture.
VII)    Le Classicisme en sculpture.
VIII)    L’architecture classique.
IX)    L’art des jardins.
l

I)    Le Classicisme dans l’histoire
En France, le développement du Classicisme a été favorisé par certaines circonstances historiques. Après une première moitié du 17ème siècle troublée par des mésententes politiques et religieuses, notamment la période chaotique de ce qu’on a appelé La Fronde (1648-1653), l’arrivée au pouvoir du roi Louis XIV en 1661 va correspondre à la mise en place d’un nouvel ordre. Dans le même temps qu’il va imposer une stabilité politique et économique le roi Louis XIV, que l’on appellera également le Roi-soleil, va asseoir son pouvoir absolu  en favorisant l’émergence d’une nouvelle esthétique à même de pouvoir illustrer sa gloire. Cet impérialisme politique et culturel durera une trentaine d’années.
Citation  « Aussitôt qu’un roi se relâche sur ce qu’il a commandé, l’autorité périt, et le repos avec elle. »

Louis XIV le Grand

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
l

II)    La doctrine classique
Le classicisme français est marqué par la rédaction de nombreux livres qui vont fixer des règles strictes et contraignantes, en particulier en littérature. Ce souci de légiférer s’inspire d’un ouvrage philosophique de l’antiquité grecque, la Poétique d’Aristote (vers 334 av. J-C). Pour ce dernier tout artiste se doit de posséder une maîtrise technique impeccable qui puisse lui permettre, dans son art, d’imiter la nature. Il faut comprendre le verbe « imiter » dans le sens de reproduire la forme de l’objet sur une autre scène, dans une autre matière, par le geste, le récit etcetera. Cela nécessite de codifier l’art, de légiférer, opérer des choix, composer, ordonner. Les  classiques vont ainsi constamment se référer aux « anciens » de l’antiquité grecque et romaine qui leur serviront de modèles afin d’atteindre un « beau » défini par des règles précises, que ce soit en poésie, au théâtre, en peinture… En littérature, parmi les théoriciens du Classicisme, un nom  et une œuvre à retenir : Nicolas Boileau et son ouvrage Art poétique (1674).

a

Aristote (384-322 av. J.-C.)

__________________________________

Nicolas Boileau (1636-1711)

__________________________________

a

Citations d’Aristote
« La qualité de l’expression verbale est d’être claire sans être banale. »

« La tragédie doit renfermer la durée de son action dans un tour de soleil. »

Citations de Nicolas Boileau.
« La rime est une esclave  et ne doit qu’obéir »

« Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »
l

III)    Les principes de la doctrine classique

a)    La clarté de la langue
Au XVIIème siècle la langue française s’impose face au latin chez les élites et les savants. Le Classicisme la veut claire, simple et précise. Le poète François de Malherbe (1555-1628) va beaucoup contribuer à l’épurer. De nombreuses règles de grammaire et d’orthographe que nous connaissons encore aujourd’hui remontent à cette époque.
b)    La vraisemblance
Prenons l’exemple du théâtre. L’imitation du réel (mimésis) doit donner au spectateur l’illusion de vivre la scène comme une réalité. Ainsi le théâtre ne doit représenter que ce que le spectateur peut raisonnablement accepter, que ce qui peut se passer dans la réalité.
c)    La bienséance
Les classiques insistent sur le fait qu’une œuvre ne doit jamais choquer, qu’elle se doit d’être conforme à l’opinion publique. Ainsi au théâtre les personnages sont-ils tenus de « coller » à leurs caractères selon le rôle qu’ils incarnent. Un prince n’agit pas en simple soldat, une reine ne se comporte pas comme une suivante. On ne se touche pas sur scène et la violence est exclue de l’espace scénique.
d)    La règle des trois unités
Au théâtre toujours, ce souci de la vraisemblance et de la bienséance a conduit les classiques à inventer la célèbre règle des trois unités. Pour donner densité et cohésion à l’œuvre il s’agit de respecter les unités suivantes.
L’unité de lieu. L’action se déroule en un lieu unique où tous les personnages peuvent se rencontrer comme dans la réalité (devant un palais, dans une antichambre, sur une place).
L’unité de temps. La durée de l’action ne doit pas dépasser 24 heures. Tout « problème » doit être réglé en une journée.
L’unité d’action. Une seule intrigue doit être résolue.
e)    Joindre l’utile à l’agréable
L’œuvre classique a une fonction sociale. Elle doit délivrer une leçon morale au public tout en lui procurant un plaisir esthétique. Ainsi la tragédie classique, à l’image de celle de l’antiquité, doit-elle « purifier » le spectateur (la catharsis) de ses passions. La comédie aura pour rôle de punir les mauvaises manières en riant. Les écrits des moralistes devront apporter une réflexion critique sur la société.

l
IV)    L’honnête homme comme modèle
Modèle littéraire du Classicisme et aussi référence de la vie sociale au XVIIème siècle, l’honnête homme est un individu qui doit réunir un certain nombre de qualités qui le distinguent du commun des mortels. Noble ou bourgeois, il se doit ainsi de posséder une culture générale qui lui permette de vivre en société en faisant preuve de raison. Homme d’équilibre, son bon goût et la politesse de ses manières l’éloignent des excès et des passions. Alliant les vertus antiques et les vertus chrétiennes, il est un idéal de modération. De ce fait il s’oppose alors au courtisan, homme d’intrigue et de dissimulation.

Citation  François de La Rochefoucauld. Maximes.
« Je ne vois rien de si beau que la noblesse du cœur et la hauteur de l’esprit ; c’est de là que procède la parfaite honnêteté, que je mets au-dessus de tout, et qui me semble à préférer pour l’heur de la vie à la possession d’un royaume. Ainsi j’aime la vraie vertu comme je hais le vrai vice ».

l

l
V)    Figures littéraires représentatives du Classicisme

l

l


l

VI)    Le Classicisme en peinture
Influencée par la tradition classique de la renaissance italienne, la peinture française est divisée en plusieurs genres hiérarchisés et codifiés. Le genre qui est considéré comme le plus noble est ce qu’on appelle la peinture d’histoire, pouvant représenter des scènes mythologiques ou religieuses, comme dans les grandes compositions de Charles Le Brun ou de Nicolas Poussin qui rendent compte de scènes d’histoire choisies d’inspiration antique. Les compositions sont claires, ordonnées et le message délivré est facilement identifiable. Les œuvres sont équilibrées et simples. Vient ensuite le genre du portrait dont les modèles appartiennent essentiellement à l’aristocratie. N’oublions pas à ce sujet que le pouvoir français de l’époque a choisi l’image comme moyen de propagande politique. La monarchie absolue de Louis XIV s’affiche ainsi à travers une image qui la présente au sommet de sa puissance. Peintures d’histoire et portraits participent ainsi à la glorification du système en place. En faisant l’éloge de gloires passées, en exaltant les valeurs morales, en représentant complaisamment ses illustres contemporains, le peintre du XVIIème siècle peut être considéré à ce titre comme un rouage de la communication du pouvoir.  En troisième position arrive ce qu’on appelle la scène de genre (scène de la vie quotidienne). Louis Le Nain y excelle en y représentant la vie des paysans français. Si ses sujets sont empreints d’une certaine dignité, ses tableaux ne sont pas réalistes au point de représenter les véritables conditions d’existence des populations rurales de l’époque. Enfin en quatrième et cinquième position arrivent les genres du paysage et de la nature morte.

« Mon naturel me contraint à chercher et aimer les choses bien ordonnées, fuyant la confusion qui m’est contraire et ennemie comme est la     lumière des obscures ténèbres ».
Nicolas Poussin


l


l

VII)    Le classicisme en sculpture
Voici autre art qui participe à la mise en scène du pouvoir. Ainsi dans le parc du château de Versailles des groupes sculptés agrémentent les immenses bassins et illustrent la puissance du pouvoir royal. S’inspirant essentiellement de la sculpture antique, elle en reprend les principes de perfection formelle, d’équilibre dans les proportions, d’harmonie dans la composition. A l’instar des portraits peints, de nombreux bustes d’illustres contemporains sont réalisés.

François Girardon, L’enlèvement de Proserpine par Pluton, 1680

___________________

François Girardon, Marie-Thérèse de Habsbourg, Reine de France

___________________


l

VIII)    L’architecture classique
Cette architecture se caractérise par un style fondé sur la simplicité, l’équilibre et la clarté. Elle se doit de glorifier le pouvoir royal en exprimant toute sa puissance. Inspirée de l’architecture antique grecque et romaine elle recherche les compositions symétriques dépouillées. L’architecture du château de Versailles et celle du château de Vaux-le-Vicomte  ont eu une grande influence sur l’architecture européenne de l’époque.


l

IX)    L’art des jardins
Composés de manière symétrique, on les appelle « jardins à la française ». Ménageant des points de vue variés grâce à des perspectives étudiées avec soin, ils sont dotés de bassins, de jets d’eau et de fontaine où tiennent place des sculptures monumentales. Au château de Versailles ils servent de décors grandioses aux fêtes organisées en l’honneur du roi.

Jardin à la française : ordre et symétrie

_____________________________

Versailles, vue du bassin d'Apollon

_____________________________

Le jardin à la française : un jardin géométrique

___________________________

19 réponses
  1. avatar
    Mélissa métisse d'Ibiza dit :

    J’ai bien aimé mais parfois je me suis dit oulala j’ai du mal à suivre, mais enfin, c’est ainsi que l’on progresse. J’ai pleuré un peu en me rendant compte de mon cruel manque de culture, mais ca va mieux je crois. En tout cas, je tiens a dire que vous étiez très bg, mui caliente, grrr papi, yas.
    Pour résumer, vous avez dead cela. Merci beaucoup, tu gères monsieur. <<<<<<<<333333333

  2. avatar
    Cheng dit :

    C’est pratique de connaître la base pour chaque période importante dans l’histoire de l’art.

  3. avatar
    Christine Lambert dit :

    Je suis enchantée d’avoir découvert ce mooc . Je reviendrai de temps en temps me remémorer certains points .
    Merci beaucoup aux professeurs.

  4. avatar
    Jean-François DAVID dit :

    c’est une belle mise en perspective des composants de ce qui est devenu la culture classique avec l’ordonnancement de plusieurs des arts auxquelles cette culture doit son succès.

  5. avatar
    cragnaz dit :

    Clair et succinct.
    Grâce à des personnes comme vous, la culture est à la portée du néophyte..Libre à lui s’il veut , d’approfondir.Pour ma part il ne m’en fallait pas plus,peut être quelques noms de sculpteurs, d’architectes,et de créateurs de jardins pour compléter ses rubriques. Merci de votre collaboration

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *