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La Renaissance – Étude et activités

LA RENAISSANCE

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I)                   Repères chronologiques

La Renaissance est une période historique que l’on situe, globalement, entre le 13ème siècle et la fin du 16ème siècle, mettant un terme au Moyen-âge et inaugurant ce qu’on appelle l’époque moderne en Europe.

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La naissance de Vénus, de Sandro Botticelli, 1485

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II)                Origines du terme

L’expression serait venue d’Italie (les Italiens employant aujourd’hui le terme Rinascimentopour qualifier la période) et aurait été utilisée dans le monde des arts aux alentours du XIVème siècle. Le motRenaissance, littéralement nouvelle naissance, est utilisé pour la première fois par l’historien français Jules Michelet en 1855. Il qualifie une période marquée en Europe parde profondes transformations et de grands renouvellements, tant au niveau social, culturel, religieux, artistique, technologique etc. On peut ainsi parler de mutations qui toucheront une grande partie des pays européens.

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III)             Le point de départ : l’Italie

Dès le 13ème siècle l’Italie, située au cœur de la mer Méditerranée, bénéficie du commerce qui s’organise entre l’Europe et l’Asie. De nombreuses « Cités-Etats », comme Florence, Sienne ou Venise, prospèrent et s’enrichissent. La bourgeoisie marchande de chacune de ces villes souhaite alors célébrer sa puissance, en ayant recours par exemple aux talents d’artistes qui illustreront son éclatante vitalité. Ces cités se livrent alors à une véritable course à la renommée, et sont prêtes à dépenser des fortunes pour avoir les meilleurs peintres, les meilleurs sculpteurs, les plus somptueux monuments, les plus grands savants. Artistes, lettrés ou hommes de science vont alors proposer de nouveaux modèles esthétiques, littéraires et intellectuels en s’inspirant d’un héritage culturel antique commun qui s’est malgré tout perpétué durant le Moyen Âge (manuscrits grecs et latins, monuments, statues etc). Cette imitation des anciens participe alors d’un phénomène de réappropriation d’une culture antique qui servira de base à l’émergence d’une période de mutations qui concernera une grande partie de  l’Europe.

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Diffusion de la Renaissance en Europe

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IV)             Des bouleversements à l’échelle européenne

Berceau de la Renaissance, l’Italie va alors influencer de nombreux pays européens (tels la France, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne entre-autres) qui vont connaître, à des degrés divers et dans des domaines différents, des évolutions notables à l’instar de la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie qui développent un idéal d’élégance et d’harmonie. Principal foyer de la Renaissance, l’Italie va ainsi impulser un dynamisme qui dépassera largement ses frontières. Cette marche en avant de l’Europe peut se caractériser par :

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a)      Une évolution des échanges commerciaux

Concentrés dans le bassin méditerranéen, nous avons vu que ces échanges avaient beaucoup profité à des cités italiennes comme Venise ou Gênes. A partir du XVème siècle le commerce s’étend sur la façade atlantique de l’Europe grâce à de nouvelles voies maritimes contournant l’Espagne. De nouveaux grands ports se développent (Bruges, Amsterdam par exemple), des grandes villes prospèrent (comme Londres). Surtout, grâce à l’ouverture de grandes voies maritimes, des pays tels que l’Espagne ou le Portugal vont inaugurer de nouveaux espaces et permettre une multiplication des échanges commerciaux avec l’Afrique, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, l’Inde, l’Amérique du Nord, l’Extrême-Orient.

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Le Prêteur et sa femme, de Quentin Metsys, 1514

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b)      Une nouvelle façon de se représenter le monde

Les représentations de la terre avaient peu varié depuis l’antiquité. Or à partir de ces sources antiques (principalement grecques) des cartographes et des explorateurs vont redessiner les contours de terres qui avaient été mal appréhendées et fixer sur des cartes de plus en plus précises des espaces nouvellement découverts. Ainsi les navigateurs portugais à la recherche d’autres voies commerciales vont-ils être amenés à contourner l’Afrique. Des améliorations technologiques (comme la boussole) permettent des expéditions de plus en plus poussées, à l’instar de celle de Christophe Colomb vers ce « nouveau monde » en 1492. L’essor des mathématiques, les progrès de l’astronomie et de la médecine amènent les hommes à reconsidérer l’univers qui les entoure et à s’interroger sur eux-mêmes.

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Carte du monde au XVIème siècle, de Gerardus Mercator

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L'Atlas céleste de Copernic

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c)      Une diffusion de l’information améliorée

Le perfectionnement de l’imprimerie par l’Allemand Gutemberg dans les années 1450 va bouleverser le rapport des hommes de la Renaissance avec l’écrit en rendant  le savoir beaucoup plus accessible. Les éditions de livres et les bibliothèques se multiplient, les universités se développent, permettant une plus large diffusion des connaissances. Ainsi Christophe Colomb et d’autres navigateurs ont-ils pu bénéficier pour leurs découvertes de l’œuvre du géographe Pierre d’Ailly imprimée en 1478. Cette meilleure diffusion de l’information accompagne aussi l’essor des langues qu’on appellera plus tard « nationales » et qui vont supplanter le latin dans les textes administratifs et juridiques. Ainsi le français devient-il langue officielle en 1539, par ordonnance du roi François Ier.

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Une imprimerie au temps de la Renaissance, dessin contemporain

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d)     Un accès plus facile aux textes fondamentaux

 La première version imprimée de la Bible date de 1455 et les premiers ouvrages imprimés avaient presque tous un rapport étroit avec la religion. Très vite la Bible fut traduite en langues « vulgaires » ce qui a permis d’élargir de manière significative des lectorats qui pourront, dans certains cas, effectuer une lecture critique des textes sacrés. A partir du début du XVIème siècle l’impression de textes non religieux va s’accroître, ce qui va entraîner des évolutions intellectuelles.

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Bible de Gutemberg

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Gargantua, de François Rabelais, 1542

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e)      Une revalorisation de la culture antique

Bien qu’elle n’ait jamais été oubliée, la culture antique est restée dans l’ombre durant des siècles du fait qu’elle était justement réservée à une élite (moines copistes et clercs dans les monastères, universitaires, nobles lettrés) qui pendant longtemps, a eu le monopole de sa connaissance et de sa transmission. Période de plus grande vulgarisation du savoir, la Renaissance a permis à un nombre accru d’individus de se réapproprier, en l’imitant dans un premier temps, une culture dont l’accès était restreint.   La chute de Constantinople, prise par les turcs Ottomans en 1453, a favorisé le retour en Europe, et surtout en Italie, de nombreux manuscrits grecs et latins auxquels ont pu avoir accès ensuite des humanistes tels que l’Anglais Thomas More, le Hollandais Erasme, le Français Guillaume Budé. Dès 1430 l’Italien Flavio Biondo découvrit de nouvelles œuvres d’auteurs romains et entreprit des fouilles archéologiques dans le Forum romain.  En servant de modèle, les cultures grecque et romaine vont amener les intellectuels et artistes de la Renaissance à jeter un regard neuf sur la société et le monde qui les entourent. Leur influence s’exercera dans tous les domaines (poésie, architecture, arts décoratifs etc) et marquera de manière indélébile ce qu’on appellera la culture européenne.

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David, de Michel Ange, 1504

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Activités

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Document 1 : Dessins de Léonard de Vinci

 

Dessin de parachute, de Léonard de Vinci

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Dessin d'hélicoptère, Léonard de Vinci

 

Questions

1)      Dans quelle mesure ces dessins de Vinci sont-ils surprenants ?

2)      En connaissez-vous d’autres du même genre ?

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Document 2 : Sur les progrès de l’artillerie dans les batailles

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Mais comme ils fabriquaient des pièces plus maniables et uniquement en bronze qu’ils appelaient canons, et qu’ils utilisaient des boulets de fer là où auparavant on utilisait des pierres incomparablement plus grosses et d’un poids considérable, les Français transportaient leur artillerie sur des chariots tirés, non par des boeufs, comme on en avait l’habitude en Italie, mais par des chevaux, avec une telle mobilité des hommes et des engins destinés à ce service qu’ils avançaient presque toujours au même rythme que les troupes. Une fois transportés devant les murs, ils les mettaient en batterie avec une incroyable rapidité. Et, le laps de temps entre un coup et un autre étant très court, ils frappaient si souvent et avec une vitesse si impétueuse qu’ils faisaient en quelques heures ce qu’auparavant on faisait d’ordinaire en Italie en bien des jours. Ils recouraient à cet engin plus diabolique qu’humain aussi bien en rase campagne que pour assiéger les villes.

François Guichardin (1483-1540), Histoire d’Italie.

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Questions

1)      Quels sont les progrès réalisés dans l’armement ?

2)    Quelles conséquences ces améliorations technologiques ont-elles sur la manière de faire la guerre ?

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Document 3  : Sur les progrès de la médecine

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Bientôt les troubles de la guerre m’obligèrent de rentrer à Louvain, où, depuis dix-huit ans, les médecins n’avaient même plus songé à l’anatomie. Pour me rendre utile aux étudiants de l’Université et me perfectionner moi-même dans une branche très peu connue, mais selon moi, avant toute autre nécessaire à l’ensemble de la médecine, j’exposai la structure de l’organisme humain, en illustrant mon cours de dissections. Aussi, à l’heure actuelle, les plus jeunes professeurs de cette université semblent consacrer un grand et sérieux effort à la connaissance précise du corps humain et ils comprennent parfaitement quels remarquables sujets de méditation cette connaissance leur fournira.

André Vésale (1514-1564), De la construction du corps humain, 1543.

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Scène de dissection à la Renaissance

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Questions

1)      Quelle innovation André Vésale introduit-il dans son cours ?

2)      A qui ce cours est-il destiné ?

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Document 4  : Sur l’éducation

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Dans cette œuvre de fiction Gargantua écrit à son fils Pantagruel, étudiant à Paris. Il lui demande d’employer sa jeunesse « à bien profiter en étude et en vertu ».

            Laisse-moi de côté l’astrologie divinatrice et l’art de Lullius (1), qui ne sont que tromperies et fadaises. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me les confrontes avec la philosophie.

Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t’y adonnes avec soin ; qu’il n’y ait mer, rivière, ni fontaine, dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l’air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tout Orient et Midi, que rien ne te soit inconnu.

Puis soigneusement, étudie sans cesse les livres des médecins Grecs, Arabes, et Latins, sans négliger les Talmudistes et les Cabalistes (2) ; et par de fréquentes dissections, acquiers une parfaite connaissance de l’autre monde, qui est l’homme. Et pendant plusieurs heures par jour, commence à étudier les Saintes-Lettres. Premièrement en Grec, le Nouveau Testament et les Epîtres des Apôtres. Et puis en hébreu, l’Ancien Testament. En somme, que je voie en toi un abîme de science. Car maintenant que tu deviens homme et que tu te fais grand, il te faudra sortir de cette tranquillité et de ce repos que donne l’étude, et apprendre la chevalerie et les armes pour défendre ma maison, et secourir nos amis en toutes leurs affaires contre les assauts des malfaisants. Et je veux que, bientôt, tu montres combien tu as progressé : ce que tu ne pourras mieux faire qu’en débattant de tout sujet, publiquement envers tous et contre tous, et en fréquentant les gens lettrés, qui sont aussi nombreux à Paris qu’ailleurs.

Mais parce que selon le sage Salomon, la sagesse n’entre point en une âme malveillante, et que science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient de servir, d’aimer et de craindre Dieu et de mettre en lui toutes les pensées et tout son espoir.

François Rabelais, Pantagruel, 1532.

(1)   Alchimiste espagnol (XIIIème siècle)

(2)   Médecins juifs très respectés

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Questions

1)      Classez les différents domaines à étudier.

2)      Dans quelle mesure peut-on dire que cet enseignement n’est pas seulement théorique et qu’il laisse une large place à l’action ?

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Portrait du mathématicien Luca Pacioli, Jacopo de Barbari, 1495